samedi 19 février 2011

Le sujet



Quel bonheur de vous retrouver !
Je ne veux pas me trouver d’excuse, en ai-je d’ailleurs, mais sachez que ce silence épistolaire n’est pas volontaire.
Chaque nuit, depuis mon dernier article, des mots tournent dans ma tête, des lignes, des histoires, et croyez moi mes nuits sont longues, ça représente pas mal de manèges.

Chaque matin, je crois tenir un sujet, et la journée se passe sans que je n’écrive.

Les articles précédents sont nés si facilement, ils ont coulé sans difficulté.
Un est venu rue des Boulangers, un soir tard en rentrant de garde, un autre au milieu d’une insomnie, « le comparatif livreurs » avec des cartons, « la sécu m’a tuer » avec un relevé, quand à « la boule » et ses copines du même thème, mon quotidien et mes souvenirs sont chargés d’inspiration.

Je ne vous mens jamais, vous connaissez ma règle, je vais donc continuer à être honnête.

Ceux qui me lisent, et qui m’aiment bien, me disent ou m’écrivent leur intérêt pour mes articles. Les autres ont la bonté de se taire, ou ne lisent pas ce qui est plus probable parce qu’il existe même dans les Facebook les mieux organisés de faux amis.
Quand au blog, il faudrait vraiment me détester pour aller y déposer des commentaires odieux, à croire que personne ne me déteste, qui aurait pu croire ça ?

Je pensais que ce serait ça le plus agréable, être appréciée pour un enchainement de mots, une histoire, un angle de vue, un trait de caractère.

Auparavant, lorsque je n’avais pas opéré ce lâcher prise, lorsque je n’osais afficher mes lignes, je croyais rechercher ça : l’approbation.

Vous seriez déçus, je l’espère presque, de ne pas trouver d’aparté….

Le lâcher prise, les pervers narcissiques, toutes ces formules sibyllines, brandies comme des évidences d’initiés lors que ce ne sont que des poncifs d’amateurs. Combien de fois ai-je entendu cette phrase, prononcée d’un air docte, accompagnée d’un ton supérieur, tu devrais lâcher prise….  
Moi qui suis cramponnée à la vie de toutes mes forces, avec mes petits bras musclés (et mes ravissantes épaules source de ma vanité), avec rage, énergie, avec fatigue il est vrai parfois, le lâcher prise est un concept qui m’effraye un peu. J’y vois de suite une image de chute, vertigineuse, vers quoi, je l’ignore, mais une belle dégringolade. Il faut ne pas être bien haut, solidement accroché, certain d’atterrir sur un trampoline, ou avoir un parachute pour lâcher en toute sérénité. La prise, source d’énergie en principe, pourquoi la lâcher alors ?

Et les pervers narcissiques vous demandez vous ? C’est sans rapport, mais depuis quelques mois, ce sont de nouveaux individus, des mutants sans doute, qui surgissent au détour de conversations d’épouses mal mariées, de filles larguées, de bribes captées jusque dans mon train de banlieue. Le pervers narcissique résume à lui seul ce que je pense de la sentence facile de tant de psychologues de comptoir ou d’escalier, en moins amusant que les ivrognes des dits comptoirs et moins utiles que les concierges des escaliers cirés.
Fin de l’aparté.


Une approbation, donc, est ce cela que je cherchais ? Un échange, votre regard, votre avis ?

Alors oui, bien sur, je suis touchée par le fait de vous faire sourire, réfléchir.
Oui, bien sur il est agréable de savoir que vous êtes quelques uns à attendre, ou à prétendre le faire, mon prochain sujet. Plus encore il est délicieux de se demander avec quoi je vais pouvoir tenter de vous surprendre, de vous divertir, avec quel contrepied, quelle situation, quel trait.
Oui, évidemment, je m’amuse à apprendre ce qui a plu et à qui, ce qui a marqué et pourquoi.
Il est toujours intéressant de lire ou d’entendre vos réactions. Elles sont surprenantes parfois sur un même sujet, elle renvoie à des personnalités, à une façon de voir la vie, la maladie, c’est passionnant.

Mais… Mais pour être honnête, le plus agréable dans tout ça, ce que je n’avais pas prévu, pas imaginé, le plus magique en fait c’est que le vrai bonheur réside dans l’écriture même.

Je suis consciente de ne pas être un écrivain, un vrai, à la hauteur de ceux que j’admire et même à la hauteur de ceux qui sont seulement publiés, sans que je ne les apprécie.
J’écris de simples billets d’humeurs, avec lucidité, mais j’écris, au sens littéral du terme.

J’ai tant lu, et puisé tant de joies, d’enseignements, de bonheurs, de ravissements dans les livres. Je voyais l’écriture, la vraie, pas la mienne, celle de Maupassant, de Jonathan Coe, de tant, comme une offrande qui m’était faite, un cadeau, le don d’heures harassantes passées à un bureau.
Je croyais qu’Irving avait sué pour moi, que Laurent Gaudé s’était torturé pour me terminer un paragraphe, alors qu’en fait, tout simplement, Irving, Coe, Gaudé, Maupassant et moi partageons peut être le seul plaisir d’écrire.
Ils sont peut être comme moi, égoïstes !



C’est un bonheur de retrouver l’écriture, de la voir revenir, même si il manque l’essentiel à cet article : un sujet…..
Je n’ai donc pas de sujet à cet article qui ne sert à rien qu’à vous exprimer mon plaisir, j’espère que vous avez, vous aussi dans votre vie, un truc qui vous rend aussi heureux que ça, et si ça n’est pas encore le cas…. lâchez prise…..



1 commentaire:

  1. Plaisir partagé (!), de te lire et chaque fois, j'en apprends plus sur toi. Ton "lâcher prise" me faire d'autant plus sourire qu'il suscite chez moi exactement les même interrogations. Tu poses les bonnes questions, ou plutôt tu formules les questions que nous nous posons aussi... Faute d'une réponse rassurante, moi non plus, je ne lâche rien, pour éviter de tomber au fond du terrier d'Alice. Tu écris avec tant de sincérité et de limpidité, je ne sais pas dire si c'est ça le talent, mais c'est bon à lire comme un Granola trempé dans un café.

    En fait, ça donne sérieusement envie de lire, plus, toujours plus. Encore !!

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