jeudi 13 janvier 2011

ça m'énerve.....

 Je risque de casser un peu cette image de fille aimante, douce et rigolote parfois véhiculée par de précédents articles chargés de tendresse, mais je me sens en ce dimanche, l’âme à exprimer une de mes vérités…

Avertissement important, il y a un risque, non négligeable, pour qu’à la fin de cette lecture, vous reste en tête une ritournelle bien agaçante. Ceux qui ont résisté à l’espièglerie de Candy ont peut être une chance de s’en sortir indemne, les autres m’en voudront, sans doute, je promets le silence pour mes prochaines parutions.
Le risque : le « ça m’énerve » d’Helmut Fritz.

Pour mes amis qui ne connaissent pas, ceux qui écoutent du Tchaikovsky en mangeant du turbot, ceux qui résident à New York et vont voir Prince en concert, ceux qui écoutent Muse en Live, ceux qui chantent encore en boucle « t’es trop mignon mignon mignon mais gros gros gros » (appréciez alors la variété de mes amis), pour ceux là donc, inutile d’aller écouter sur youtube ce titre mémorable. D’abord parce que la lecture peut se faire sans cette contrainte et ensuite, ce n’est même pas la chanson de l’année 2010 élue par TF1. C’est vous dire.


Mon : « ça m’énerveeeeeeeeeeeeeeeeee »
Mon premier « ça m’énerve de l’année »
C’est le premier mais pas le plus important, tant d’autres, plus importants, suivront, n’en doutez pas. Mais hier, j'ai pris le métro... Alors...



Les provinciaux dans le métro.
Seuls mes amis parisiens, non véhiculés, non bobo avec passe vélib à l’année, une niche donc, comme on dit dans le marketing, vont comprendre. Mais même les niches méritent un article. 
Je demande à mes amis provinciaux, de me pardonner par avance, et de ne pas oublier que je suis aussi une parisienne, donc un modèle de tolérance, d'ouverture d'esprit et de gentillesse, forgés par le paiement d'un loyer indécent pour la surface allouée, la respiration de délicates émanations gazeuses, le récent traumatisme de la neige sur mon trottoir, celle qui paye parfois 1 euros 20 une baguette, celle qui remarque l'arrivée du printemps parce que le fleuriste au coin expose des jonquilles et qui profite en direct de toutes les manifestations syndicales bloquant l'accès à mon domicile avec de jolies chorégraphies de CRS.

Les provinciaux dans le métro, donc.
Vous qui débarquez aux heures de pointe, alors que vous êtes en vacances et que nos monuments, boutiques et autres sites prestigieux vont vous attendre toute la journée. Pour rappel, les musés parisiens, n'ouvrent pas à 8 heures, promis.
Vous qui courrez comme nous alors que personne ne vous attend au musée Grévin puisqu’ils sont tous figés et que le panneau : prochain train dans deux minutes ne ment jamais.
Vous qui vous collez devant la porte par peur de ne pas pouvoir monter nous empêchant ainsi de descendre et nous obligeant à vous bousculer, ce qui vous fait râler.
Vous qui me collez votre sac à dos dans la figure, parce que je suis petite et coincée derrière vous. Les mêmes qui allez vous plaindre après, parce que l'avoir collé sous le nez d'un pick pocket vous fera perdre, non pas votre bouteille d'eau, vos mouchoirs mais bien votre porte feuille et votre appareil photo.
Vous enfin qui montez en groupe, restez collés à la barre centrale et ou qui foncez sur les sièges libres  pour deux stations, je vous pose cette question :

Est-ce vraiment nécessaire, en plus, de nous regarder comme des bêtes curieuses ?
Vous ne le remarquez pas que nous sommes de vraies personnes ?
Vous nous croyez sourds ?
Vous pensez que le parisien qui prend le métro a toujours des écouteurs avec une musique à fond pour nous épargner vos remarques ? (quoique, là, peut être)
Vous jugez vraiment qu’il est indispensable de rester collés devant la porte, que quelqu’un va vouloir vous kidnapper le temps de son voyage ?
Pourquoi annoncer systématiquement la station à venir ? Elle viendra, elle viendra, et le fait d’en annoncer le nom dès le début du tunnel ne fait pas de vous un futur gagnant à Questions pour un champion.
Et pour cette autre niche, faite de provinciaux, supporters de football, qui se rend au stade de France ou pas d’ailleurs, en métro avec ses banderoles (Lens, Lorient, autre ville footballistiquement classée et bien sur… Marseille) vous croyez agréable à nos oreilles votre : Paris, Paris, on t’enc…..

Existe-t-il un manuel du provincial dans le métro dans lequel vous apprenez les phrases suivantes :
«  Mais dis donc ils en font une tête »
« Ho ben on est quand même mieux chez nous hein ! » « hein ? » « ben oui hein ! »
« Mais comment ils font pour faire ça tous les jours ? »
« Comment elle fait pour lire là dedans ? »
« ça pue en plus »
« Touche pas à la barre Jordan, ya des microbes partout »
« On viendra plus, c’est sur »

Et toutes ces petites remarques assorties de différents accents, breton, picard, marseillais ou strasbourgeois. Je ne les identifie pas tous, les accents, mais vous provinciaux,  je vous remarque de suite, et pas seulement pour les affronts et entorses graves commis à l’encontre de la dictature de la mode. Parce que là aussi, il y en aurait à dire, mais je suis une parisienne tolérante.

Alors j’ai envie de vous poser quelques questions :

La première, évidente, si vous êtes si bien chez vous, pourquoi être venu mesurer notre infortune ? Restez chez vous !

Ensuite, lorsque vous vous rendez à votre travail, un mardi de décembre pluvieux par exemple, dans votre voiture puisque vous n’avez pas la chance d’avoir un métro, le faites vous sur une route parsemée de pâquerettes, en écoutant l’hymne à la joie, habillés comme pour un mariage (de province), en dégustant des croissants chauds, racontant des blagounettes à votre passager et vous réjouissants à l’idée d’une journée de labeur ?

Enfin, n’êtes vous pas les mêmes qui râlez contre nous, lorsque nous venons à notre tour envahir vos délicieuses contrées (quelques régions sont exclues de fait, je ne les listerai pas ici, je me fais suffisamment d’ennemis comme ça) ?
N’est pas vous qui pestez contre notre présence dans vos supermarchés dont le chiffre d’affaires explose ?
N’est pas vous qui patientez dans la voiture derrière la mienne sur la route de la plage ?
N’est ce pas vous qui nous louez une partie de vos acquisitions immobilières ?
N’est ce pas vous qui tentez de nous empoisonner avec des spécialités locales avariées, des savons à l’huile d’olive paraffinée chinoise qui n’a jamais vu un noyau ou des crêpes aux coquillages de chez Picard ?


Alors je vous l’accorde, oui nous les parisiens, sommes un peu prétentieux, un peu envahissants, un peu sans gêne, un peu encombrants, un peu trop nombreux sur une période courte.
Oui, nous les parisiens, comme vous dîtes même pour les banlieusards, aimons venir profiter de votre soleil, votre espace, vos plages, votre nature, votre bon air pur.
Oui nous les parisiens avons si mauvaise réputation qu’elle est forcément justifiée, mais s’il vous plaît, lorsque vous prenez mon métro, à minima : taisez vous !
Parce que ça m’énerveeeeeeeeee.
Et promis, alors,  je serais une touriste parisienne dépensant son argent dans vos régions sans faire la fine bouche devant vos différentes arnaques, sans relever vos commentaires désagréables, et peut être même que je viendrais vous voir en juin ou en septembre, pour diluer un peu.

Les parisiens qui me ressemblent, si s, il y en a, j’en connais au moins une, avec qui j’ai souvent évoqué ce douloureux sujet, vont s’étonner de ne pas voir ici être dénoncés les touristes étrangers.
Ces allemands à sandales, même en février, ces Espagnols volubiles, ces Anglais blafards, ces Italiens du Milan AC, ces rares (dans le métro) moyen orientais suréquipés de sacs de boutique de luxe ainsi que ces asiatiques disciplinés, ceux là. Je ne peux pas, il paraît que leur présence dans ma ville est source de bienfaits financiers….

Je demande une trêve…. Et de l’indulgence, pour cet article, surtout aux Corses et aux Bretons du golf de Sables d’or les pins. Oui autant d’indulgence qu’il y a dans notre regard lorsque nous nous croisons…
Ouvrons ensemble l’ère de l’amitié « parisiens du métro & provinciaux du métro », ça m’énerve n’est pas bon pour ce que j’ai…..


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