jeudi 13 janvier 2011

Trucs et astuces

Il est temps que je vous fasse profiter d’une autre de mes compétences, durement acquise après 10 longs mois de présence en qualité d’assistante dans une société que je ne peux hélas citer ici, mais dont le seul nom et activité, croyez moi sur parole, écrite, justifierait cet article.

C’était l’époque affreuse où mes fils avaient besoin de leur maman la nuit, à la sortie d’école, les jours fériés, pour des bisous, des câlins, des repas préparés avec soin et diététique. Nous n’en étions pas à ce stade où deux adolescents estiment qu’un bisou furtif sur la joue suffit à combler mon vide affectif (ça va, je sais, je leur ai expliqué comment présenter les choses à leur futur psy), où ils savent se nourrir, se gèrent comme ils disent…
C’était l’époque honnie où je fréquentais d’autres collègues que des sages femmes connues pour leur grande douceur, leur parfaite bienveillance, leur totale abnégation, toutes ces exceptionnelles qualités de cœur… indispensables à l’exercice de ma profession.

C’était l’époque amusante où je répondais à des offres de postes plus rémunérateurs que le précédent, bluffant, ignorant totalement ce qu’on attendait de moi, comprenant à peine l’intitulé de la fonction, me concentrant sur la case salaire.
Oui j’étais crédible alors (nécessité fait loi et mes talents de comédienne s’avéraient césarisables) vénale, croyez moi je fus bien punie.

J’étais donc assistante import dans une société d’import, donc. Je vous expliquerais volontiers combien c’était inconscient de la part du patron de me confier la responsabilité du voyage de  tant de containers, remplis de marchandises à la facture si onéreuse, à travers le globe, à moi qui n’ai aucune maîtrise de la géographie, des chiffres et si peu de pratique de l’anglais version pakistanais ou chinois. Je ne peux pas, ce n’est pas le sujet de mon article.

Jamais je n’ai eu à subir autant d’ostracisme (oui je fais exprès) au quotidien. Il m’était reproché en vrac, une religion différente, un vocabulaire précieux (n’importe quoi), des tenues pas assez courtes, pourtant…, et une totale désinvolture en salle de réunion devant chaque découverte de nouveau gadget from China qui allait révolutionner les cours de récréation et augmenter grandement le volume de la poche gauche arrière du patron.

C’est en effet dans cette poche qu’il conservait la liasse de billets de 500 euros qui lui permettait de passer des nuits sereines sur des tables de poker et de nous payer un quart de notre salaire. Ha bon, ce n’est pas légal ? C’est ça ou rien, d’accord alors.
La droite renfermait le briquet Dupont, c’est si chic, avec lequel il rallumait sans cesse son cigare. Dans l’histoire du cigare et les fameux tiers, j’ai surtout retenu le troisième, le purin, il se gardait le deuxième, le divin, et sa secrétaire bête à en manger, conservait le premier, le foin.

Mais je m’égare.

Mes trucs et astuces donc, pour pourrir la vie de vos collègues de bureau….
N’oubliez pas mon principe, tout ce que j’écris est authentique.


Une petite chose toute simple :
La machine à café, ouvrez là, enlevez la cartouche de sucre. Jetez là discrètement. Vous verrez qu’il faut en moyenne 10 cafés, parfois de la même personne, avec temps d’attente refroidissement, touillage inutile, tentatives multiples avec j’appuie plus fort sur le bouton sucré, pour qu’un caféinomane  plus cortiqué que les autres ne vérifie la cartouche sucre ou même ne pense à ajouter du sucre en poudre.
Moi ça m’est égal, je le prends sans sucre, disais-je.
Surtout ne pas sourire.

Deuxième chose facile.
Se rendre aux toilettes avec son sac à mains, celui de la période « it bag de saison taille xxl », ne pas oublier de prendre l’air gêné de la fille qui a ses périodes (ses trucs, les anglais, des métrorragies abondantes, ses règles en bref) pour justifier l’embarquement du dit sac aux toilettes. Demander avant à la cantonade « quelqu’un aurait un spasfon ? » aide à la crédibilité de la scène. Et là, voler tout le stock de papier toilettes. Passer le reste de la journée à ne pas sourire devant la quête des collègues, prêts à tout pour le don d’un kleenex.
Evidence, ne pas en proposer, mais en tournicoter un entre ses doigts, éternuer dedans, en ajoutant « oups c’est mon dernier, tu le veux quand même ? »

Un truc à décliner.
Dans la dite société, la fourniture essentielle était l’agrafe, pour agrafer donc les règlements aux factures, les commandes au relevé du commercial, les photos aux fiches produits, tout tout tout devait être agrafé à quelque chose. Mon pouce et index droit ont conservé longtemps un peu de corne aux endroits d’appui, Nuxe, Mixa, Homéoplasmine ont mis tous leurs principes actifs pour éliminer cette incongruité physique.
Jeter le stock d’agrafes, trop simple mais à faire, se tromper dans la commande de réassort, plus mieux ! J’ai paralysé le service commercial pendant 3 jours. Il faut savoir que j’avais été en charge du comparatif et appel d’offres de fournitures de bureau, oui il y a des acheteurs qui sont prêts à changer de fournisseurs pour des agrafes par 5000, taille 26/6 à 0,02 centimes moins chers.
Déclinez donc selon la fourniture essentielle.
Profitez des trois jours de plainte et des conversations autour de la machine à café.


Tiens justement, la machine à café, temple des conversations sur la météo et le programme télévisuel essentiellement avec des chiffres 1 et 6. Les chaînes les plus regardées des français.
Il vous faudra un peu de recherches internet, mais vous êtes comme moi, vous ne regardez pas les dites chaînes, vous avez un peu de temps libre le soir pour vous rendre sur certains sites.
A la question : « t’as vu la finale de la nouvelle star », répondre, « non je l’ai ratée bêtement j’étais au Palais Garnier, reprise du Don Quichotte de Noureev, c’est ballot »
A la réplique « l’avait dit à la météo qu’il ferait froid » répondre « pas vu j’étais au vernissage de l’exposition Kieffer au Grand Palais, c’était beau, j’ai croisé Marek Halter, il est abordable en plus ».
A l’affirmation « l’est trop beau Gad Elmaleh dans chouchou » répondre « ha oui mon voisin du quatrième étage » (si c’est vrai, j’aurais du garder une photo de sa boîte aux lettres, bien que mon arrivée dans l’immeuble ait eu lieu deux ans après son déménagement).
Après ça, personne ne vous impose la platitude affligeante de ses conversations.
Appréciez ce silence.

Un peu de technicité.
Le standard téléphonique. Choisir la moins gentille de vos collègues, mais si il y en a une, c’est évident. Attendre qu’elle se rende aux toilettes, qu’elle tente de trouver des agrafes ou de boire son café sans sucre. Si vous suivez bien mes conseils, c’est aisé.
Faire la petite manipulation toute simple mais que personne ne maîtrise qui bascule chaque appel sur un poste vers la boite vocale correspondante. Attendre le moment délectable où le Monsieur à la poche gauche gonflée ne se décide à traverser le long couloir qui mène des petites gens au bureau en mélaminé à celui qui les sous paye au bureau en marbre, pour hurler, qu’il ne parvient pas à la joindre.
Si possible ajoutez d’un air détaché, moi non plus je ne parvenais pas à te joindre !

Toujours plus technique.
Et c’est là que réellement on peut mesurer combien nos contemporains, les miens à cette époque là avec certitude, manquent de sens pratique, d’astuces, et comme je suis pourvue d’espièglerie. (c’est la vie de .…..) (je ne peux m’en empêcher, dès que j’entends espièglerie je me Candy ise).
Le croyez vous, il suffit de débrancher un câble, un seul, celui qui est proche du tableau électrique en général, dans un local technique parfois, ou pas, il suffit de débrancher le câble fournisseur de l’accès internet, intranet, réseau, pour affoler toute la société.
Et là, c’est jubilatoire.
La secrétaire, pas celle qui cherche encore la manipulation pour annuler le transfert d’appel vers sa boîte vocale allant même jusqu’à s’appeler elle-même avec son téléphone portable, non pas celle là, celle qui profite du foin, doublement, convoque d’urgence le responsable informatique qui est consultant, donc prestataire, donc pas disponible dans l’immédiat…
Répondre alors de façon systématique, « ben nan ya pas de réseau » à toute question concernant le suivi d’un container, d’un règlement ou de réponse à une annonce d’offre d’emploi de commercial rémunération intéressante si motivé.
A l’arrivée du technicien, admirer le temps nécessaire pour l’identification de la panne.  Lorsqu’après de longs quarts d’heure à s’agiter, tester les cartes réseaux, sortir du matériel de sa petite mallette en faux cuir offert par sa femme à son dernier anniversaire, (non je n’ai pas une image caricaturale de l’informaticien de base)  il ne consente à revisser le câble, négligemment, geste noyé aux milieux d’autres gestes d’expert, lui adresser un petit clin d’œil complice assorti d’un sourire innocent. (air interloqué de l’informaticien)

Mon astuce préférée, parce que si facile, si amusante, si crétine….
Word, Insertion automatique, onglet correction automatique, choisir le « remplacer » , « par ».
Attendre comme d’habitude le fameux moment d’absence de votre collègue préférée numéro 2, pas toujours la pire, elle finira par avoir des soupçons. La deuxième pire donc, la bonne suiveuse, celle qui relaye les méchancetés et autres ragots de la première.

J’avais choisi remplacer « et », un mot si peu usité dans les courriers de qualité littéraire si recherchée, par « ha merde ». C’est très très bête, c’est puéril, c’est surtout si difficile de ne pas se plier de rire devant les effets obtenus, les tentatives de syntaxe désespérée (pas de faute, c’est bien en l’occurrence la syntaxe qui est désespérée) pour remplacer ce « et » et la rumeur de mauvais œil qui parcourt les couloirs en effrayant tout le monde.
Foncez vous enfermer dans les toilettes pour effectuer la petite danse de la victoire, en silence, en pleurant de rire (c’est vous qui détenez le stock de papier).



Les petits trucs faciles, pour rappel malgré tout :
Dérégler les horloges, départs tardifs, précoces, assurés.
Répondre à son portable à une amie complice ou à sa messagerie « New York, à Noêl, j’adooooooore ! »
Apprendre par cœur une phrase en italien, genre « questo è alla moda? » et la citer en réunion devant un nouveau gadget. Se corriger alors d’un pardon, ma troisième langue vivante m’échappe parfois.

Et surtout, surtout un jour rentrer sans frapper dans le bureau au mobilier en marbre, regarder dans les yeux le monsieur à la poche gauche qui gonfle, balayer sa secrétaire d’un regard traversant, et prononcer la phrase suivante avec un sourire charmant :
« Vous, vos grosses, les connes, le boulot inintéressant et mal payé illégalement qui plus est, c’est terminé, je pars de suite, je veux mon solde de tout compte dans dix minutes agrafé à ma feuille de paye, et non je ne ferai pas les semaines de préavis sauf si l’inspection du travail m’y oblige. »
A faire si et seulement si vous avez décroché un autre emploi mieux payé qui permettra de découvrir un nouvel univers, de nouveaux collègues, et d’apprendre d’autres astuces, espiègleries….. c’est la vie de …..



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