jeudi 13 janvier 2011

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs


J’ai eu la chance, le bonheur et le privilège il y a quelques jours d’avoir été invitée par l’artiste lui-même, à la dernière parisienne du Lemoine Man Show.
La chance parce que j’ai ri de bon cœur et de bon gout pendant tout le spectacle. Il existe des rires à contre cœur et de mauvais gout, spectateurs de Laurent Gerra, je vous parle.

Le bonheur parce que tout rire qui s’échappe malgré la vie, la mauvaise volonté que je peux y mettre, genre « on va pas me faire rire avec des ficelles faciles », tout rire qui est chargé de la finesse et de l’intelligence de ce qui l’inspire est un bonheur, à prendre.
Le privilège parce que oui, oui vous aurez noté ce « invitée par l’artiste lui-même ».
Je ferais bien volontiers ma désormais célèbre petite danse de la frimeuse, si l’occasion de la rencontre avec le dit artiste n’avait été couverte par la télévision française.
Certains, peu nombreux je l’espère, ont pu mesurer mon incapacité à faire deviner des mots aussi simples que « fils », « préau » ou « tiercé » à ce cher Jean Luc, ce qui me couvrit de ridicule, mais aussi me priva des 50 000 euros gains de la grande finale à laquelle de fait je n’ai pu participer.
Alors que, et là vous jugerez l’étendue de mon opprobre, une fille, du genre qui boit du thé le matin, réside en province et doit prendre le métro avec son petit sac à dos chargé de bouteilles d’eau et de lingettes désinfectantes, une institutrice normande un tantinet pénible, chaussée de souliers blancs à talon bobine (qui ? qui ? en dehors d’une mariée mal conseillée peut porter ça ??), celle là donc, a remporté les 50 000 euros.
Pas avec Jean Luc d’accord, m’épargnant de la croiser au spectacle, et  ce qui fait que je le crains (parce que je suis perverse et j’entretiens ce sentiment) le pauvre Jean Luc ne se sente un petit peu responsable de ma double infortune…

Donc pas de petite danse de frimeuse, de toute façon, là n’était pas mon propos.

Dans ce spectacle, que je ne peux que vivement vous recommander lorsqu’il passera dans votre région ou dont vous devrez impérativement acheter le DVD, une phrase est restée tourner un peu de ma tête.

Sans doute parce que comme le dit le journaliste du Figaro, ou autres je ne certifie pas, de façon si originale, si peu commune, c’est le spectacle de….. de …. La maturité !
Ben oui, passé 40 ans tout ce que tu fais, disque, spectacle, enfant, crise, ride, tout est de la maturité. Je suis donc très mure, si mure, si raisonnable.

Un passage où Jean Luc se plaint d’être appelé Monsieur et d’être vouvoyé dans la rue par une jeune fille et se demande si il y a un comité des jeunes, une commission qui décide de nous faire passer du côté des vieux. Si oui, pourquoi ?

Alors je sais, pour avoir tenté une retranscription face à mes fameux adolescents membre de la sus évoquée congrégation (Pierre m’ayant récemment fait remarquer que les années 80 c’était il y a 30 ans) (n’importe quoi), je sais que même avec un bon texte, je peux faire un flop, un bide. Donc je ne vous rejoue pas le texte, croyez moi sur parole, c’est très drôle.


Ce petit passage ayant tourné dans ma tête, j’ai eu envie de vous expliquer Messieurs, ce que le Mademoiselle et le Madame sont dans nos vies de filles. Vous me suivez hein les filles, à vous aussi ça vous fait ça ? Ne me laissez pas toute seule avec ces mots là !


Le premier Mademoiselle que nous prenons en général vers 8 ans lorsque nous nous rendons courageusement, je regarde à gauche et ou à droite avant de traverser,  à la boulangerie avec le porte monnaie maternel chercher une baguette pas trop cuite s’il vous plait Madame, celui qui est dans la phrase « et voilà Mademoiselle », celui là nous l’adorons.
Je suis une fille, ça se voit malgré mon sous pull orange, les années 70, mon pantalon et mes clarks. Surtout si auparavant, manie des coupes au bol unisexe de cette décennie, on nous décochait un affreux : « et pour le jeune homme ? ».


Foultitude de Mademoiselle nous embarrassent par la suite.

Celui du prof de maths avec cet air d’autant consterné et pervers que la note est basse, qui veut dire Mademoiselle je te souhaite d’être jolie, ne mise pas sur les études.

Celui du gros lourd, toujours accompagné d’une spiritualité du même ordre, Mademoiselle, t’es trop charmante, t’as de beaux yeux, je peux te parler (encore une parenthèse mais tentez le : si vous avez quelque chose d’intelligent à me dire, sobre efficace), tu viens etc etc.

Celui du fonctionnaire qui vous sort un Mademoiselle ? après avoir vu votre date de naissance puisque c’est un passeport que vous lui demandez et qui vous fait ainsi remarquer qu’à cet âge là vous n’êtes toujours pas mariée !

Je dois ajouter le Mademoiselle qu’osent m’annoncer certaines parturientes dégoulinantes de liquide amniotique et contractant soufflant comme le petit chien, mais ça sert à rien ton col est fermé tu en as minimum pour 8 heures, et à qui je réponds pointant du doigt la preuve de la perte de virginité associée autrefois à Mademoiselle, ha non Madame je crois.

Le Mademoiselle que la fréquentation de la vieille noblesse française, il en reste, je vous le raconterai un jour, que l’on se doit toujours de donner au personnel, même si percluse de rhumatismes, dans la maison, depuis deux générations, la bonne c’est Mademoiselle, jamais elle n’aura le titre de Madame. Convenance de baronnie quand tu nous saisis d’effroi !

Le dernier, que je ne connaîtrai pas, non que je doute de vieillir suffisamment mais je n’en ai pas le talent, pas entamé la longue carrière, pas anticipé, le Mademoiselle de Jeanne Moreau. Qu’en dire ? Je ne le sais.

Les mesdemoiselles donc, nous en avons plusieurs.

Le stade Madame.

Le premier, nous l’avons toutes adoré. Le Madame du jour du mariage, ce jour béni du « je suis la barbie du jour », qui nous fait passer du stade de célibataire à l’état civil de femme mariée, donc désirée, accompagnée, responsable, qui avance dans la vie, qui fait tout bien comme on le lui a appris à grand renfort de Disney addictions dès le berceau.
L’euphorie de ce premier Madame est de durée variable, le mien fut sans doute le plus court de l’histoire des mariages, le temps de sortir de la mairie en fait, avec ma crinoline, je ne fais rien à moitié et de mesurer en regardant le Monsieur, l’étendue de mon erreur, je ne fais rien à moitié vous dis je.

Les suivants, lorsque parfois survient un Mademoiselle et que nous tenons à préciser, non Madame, en rapport avec la fierté d’avoir changé de stade (voir plus haut), toujours accompagné d’un petit mouvement de la main gauche, genre salut de Miss France période Geneviève, pour que brille de tous feux l’alliance associée au statut.


Le Madame réjoui brandit comme une annonce de bonheur incommensurable, accompagné celui là d’une main couvrant notre utérus à peine gravide, balancé à un Monsieur qui croyait que notre développement mammaire était promesse de pirouettes sexuelles et non résultat.
Il faut savoir profiter de ce bonheur qui ne tient en général que 6 à 8 semaines, après croyez l’ex gémellaire que je suis, aucun homme tombant sur le volume de ta poitrine et de ton ventre n’osera un Mademoiselle chargé de désir.

Les Mesdames suivants, chacune les vit comme elle le peut, selon son parcours ses attentes, les circonstances et la prononciation (hey M’dame).

Quand tu as les bras chargés de Pampers, de produits ménagers, d’aliments divers au Casino, celui de la caissière est admis.

Quand tu as passé deux heures à te maquiller, t’acider hyaluronique, te push up per, te brusher, mettre en valeur tes restes,  celui du serveur du bar à la mode est insultant.

Quand c’est celui d’un amoureux délicat et un tantinet désuet qui le découpe : Ma Dame, il est poétique, rare, très rare, mais touchant.
Il ne garantit  pas d’heureux jours d’amour courtois et chevaleresques mais comme le disait ce gentleman de Ronsard donc (qu’est ce qu’on lui a fait nous les filles à ce con ?), si vous me croyez, mignonne, tandis que votre âge fleuronne, en sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse. Autrement dit : « profite tant que ça dure ».

Celui des amis de tes enfants, un peu fayot, genre on sait qu’elle n’est pas commode la mère, on va l’amadouer.
Il fonctionne très bien lorsqu’il est prononcé par une voix muant de mutant envahie de testostérone…
C’est nettement moins efficace quand il pue le gloss glossy glossy, le Cacharel Amor Amor et qu’il sort d’un truc gloussant sur des talons plus hauts que les tiens, remuant ses nombreuses mèches et suivi d’un : il est là Paul, ou Pierre, marche pour les deux.
Je plains les mères susceptibles, suspicieuses et aussi caractérielles que moi qui ont garçon et fille et ne peuvent ainsi donc se raccrocher à rien.

Les Mesdames, nous en avons tant.


Alors que dire de ce petit Monsieur ?
 Il vous est épargné mes chéris dans ce Monsieur, le statut social, l’apparence, la réussite ou l’échec d’une vie amoureuse, un jugement esthétique.
Vous n’entendrez jamais la phrase : « c’est votre nom de jeune homme ? ».

Et puis j’en suis bien certaine, le premier Monsieur, quand vous portez votre premier costume, clefs de voiture, bombe de mousse à raser, ticket d’achat de gros ordinateur, diplôme, billet de finale de coupe du monde, boite de préservatifs, enfin tous ces trucs d’homme, de vrai, de pur, vous l’appréciez non ?


Nous avons, nous le Mademoiselle, Madame, et là il n’y a pas de compétition possible.

Alors Jean Luc ? J’en fais un sketch moi ? Ben non et pourtant qu’est ce que j’aimerais !!!

Et là un affreux doute me prend, il parlait du vous ou du vous Monsieur ?
Je ne me souviens plus très bien, pardon donc à l’auteur s’il n’évoquait pas ce Monsieur, ça n’enlève rien aux Mademoiselle, Madame, objet de cet article.
Pas ma faute, ma tête etc etc toutes ces excuses de cancéreuse dont je me sers de façon éhontée parfois pour faire passer une bévue, autant que ça serve….

N’omettez pas les deux informations capitales de cet article, mon amitié facebookienne avec Lemoine n’est pas virtuelle (et voilà,  la petite danse de frimeuse) et surtout, surtout, foncez le voir où qu’il soit parce qu’il est bourré de talents, si drôle, brillant et cet avis n’a rien à voir avec la petite danse, ni même le non gain de 50 000 euros, il est en plus objectif parce que parfois, je sais l’être, moi Monsieur.








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